Le bleu n’abîme pas débute par une agression, à la fois sexiste et raciale, de Luna, l’héroïne. Dans le fumoir d’une boîte de nuit, une question lancée par un inconnu qui se colle à elle et lui touche les cheveux – « Tu viens d’où ? » – déclenche en Luna un bouleversement intérieur. De cette violence naît une introspection intense. Luna revisite son passé : l’incendie de son immeuble, les tensions familiales, les difficultés financières, et le poids des assignations sociales liées à son métissage. En parallèle, elle interroge ses origines, ses souvenirs, son histoire faite d’interrogations identitaires, de violences ordinaires et de quête de soi. Ce roman a le corps pour fil conducteur : un corps scruté, exotisé, érotisé, assigné à une identité et à des fantasmes par des regards et des mots qui blessent.

Fruit d’un dialogue entre Anouk Schavelzon et le musicien Samuel-Achkar Wade, la lecture musicale du bleu n’abîme pas lui offre une nouvelle dimension et donne à voir les rondeurs et les aspérités d’une écriture visuelle et musicale, ponctué d’anaphores et de vers libres.

Samuel-Achkar Wade est ingénieur du son et artiste. Ses créations tissent des liens entre transmission et rapport au vivant, dans un univers où dialoguent pédagogie et sciences environnementales, teintées d’un amour nostalgique pour les archives. Diplômé de l’ENS Louis Lumière, spécialité Scénographie Sonore, il explore la large palette des mediums du son, de la musique au cinéma, en passant par l’installation plastique et interactive, et favorise toujours une approche sensible et raisonnée de la technologie.